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16/03/2010

Le rond-point

Ca me tombe dessus régulièrement. De plus en plus régulièrement. C'est même un nouvel état, au milieu duquel, parfois, survient une accalmie.

La vie est de plus en plus difficile à vivre. Le quotidien est une épreuve, une bataille. Que je perds de plus en plus souvent, de plus en plus longtemps.

Trop de difficultés à surmonter et plus d'envie, plus d'énergie. L'impression d'être à un rond-point d'où plus aucune route ne part.

C'est un mal être diffus, permanent, qui ne se remarque pas forcément. Je suis mal, je vis mal, je peine à longueur de temps pour surmonter les heures de boulot, les tâches domestiques etc... mais la majeure partie du temps j'y arrive et je vivote : promenades, projet de partir quelques jours, activités au jardin, discussions avec les enfants. Mais c'est sans enthousiasme, c'est au coup par coup. Aucun plaisir à vivre derrière, aucune motivation, aucun espoir. Vivre est devenu comme un boulot qu'on n'aime pas et qu'on se sent encore obligé d'accomplir, auquel on se rend à reculons et que l'on fait sans coeur et sans conscience...

J'ai connu des périodes de dépression, celles qui vous empêchent de vous lever le matin, qui vous font pleurer à longueur de temps, dont on peut espérer un répit après quelques mois de traitement choc. Là, c'est différent, plus sournois, mais aussi plus durable. C'est un mal qui fait partie intégrante de moi, qui fait que même lorsque je suis dans une bonne journée, les gens ne m'intéressent pas, l'extérieur me fait peur, la société me désespère. Seule ma maison, mon jardin, et Internet, qui reste une fenêtre utile et nécessaire ouverte vers le reste du monde  trouvent grâce à mes yeux ; c'est ma bulle et j'aimerais m'y enfermer pour toujours et ne plus être obligée de me confronter à un extérieur dans lequel je ne me reconnais pas, qui ne me plait pas, ne m'attire pas, me dégoûte et m'épuise moralement.

Alors parfois, quand les soucis et questions s'accumulent (et en ce moment je suis servie) je craque. Sous forme de crise de larmes, comme hier soir, lorsque je suis trop épuisée, que l'accumulation de la fatigue morale est trop importante.

Ces moments-là sont terribles, je me noie, je voudrais que tout se termine.

Et en toile de fond, la prémonition, l'intuition, la quasi-certitude, précise. Celle qui me suit depuis plus de deux décennies. Celle qui ne se transforme en peur panique que parce que mes enfants ont encore besoin de moi.